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  A la rencontre des administrateurs : Sylvie Le Bourhis

Question à Sylvie Le Bourhis, directrice de Résines Esterel Azur, en région Provence-Alpes Côtes d’Azur. Elle vient de rejoindre le conseil d’administration et le bureau de CHANTIER école à la dernière Assemblée Générale. Ayant encore un regard neuf sur les instances, nous l’avons interrogé sur son récent passage d’adhérente à administratrice.

  • Comment avez-vous rejoint le secteur de l’IAE et pourquoi ? Pouvez-vous nous présenter votre structure en quelques mots ?

J’ai rejoint l’IAE il y a près de 20 ans, après avoir travaillé pendant 15 ans dans le privé, où je dirigeais déjà une entreprise.
J’ai souhaité avoir une vie professionnelle qui correspondait aux valeurs que je défendais dans ma vie personnelle, à savoir une économie au service des personnes et non l’inverse.

J’ai une formation en aménagement du territoire, et mon sujet de recherche universitaire était sur les politiques de la ville en faveur des quartiers d’habitat social. Tout naturellement, l’idée d’entreprenariat social s’est donc imposée à moi. Cela permettait de combiner deux compétences, la gestion d’une entreprise, et la connaissance des publics en difficulté sociale ( j’avais dirigé une antenne de contrat de ville).

Ma première expérience a été la création d’une SIAE, à la demande d’élus et du PLIE, sur un territoire peu doté en outils d’insertion. j’ai alors crée une entreprise d’insertion ( second œuvre du bâtiment, tri des déchets, et espaces verts, et deux ACI sur du maraîchage bio). C’était en Bretagne.

La structure que je dirige actuellement sur la Côte d’Azur, est un ensemblier : une association intermédiaire (42 ETP), un service à la personne (40 aides à domicile),deux chantiers d’insertion. Un de taille très modeste qui a démarré cette année (3 ETP) sur une activité de repassage. L’autre Résines Esterel Azur (30 ETP), qui travaille sur trois secteurs d’activité : récupération de bâches évènementielles pour fabriquer des objets de maroquinerie, un atelier menuiserie où on récupère des palettes, pour faire des meubles ou autres, et une boutique où on vend les productions des deux ateliers.

  • Pourquoi avoir décidé de rejoindre le Conseil d’Administration national ?

Comme toute chose que j’ai réalisé dans mon parcours, cela s’est imposé à moi quand il y a eu un appel pour l’assemblée générale. Il doit y avoir chez moi quelque chose qui se passe autour de la notion d’engagement.

De mon point de vue, s’engager dans un réseau, c’est contribuer humblement à un mouvement collectif. Mouvement collectif qui soutient les SIAE en apportant des expertises, auprès de celles-ci qui se noient dans les soucis du quotidien, où les permanents se sentent parfois bien seuls devant des décisions des partenaires. Le mouvement collectif permet également d’apporter la connaissance auprès des politiques sur nos pratiques et sur nos besoins.

De manière très pragmatique, prendre des temps de pause et de réflexion me permet de trouver le bon équilibre qui m’enrichit professionnellement et intellectuellement. Car pour moi, la notion d’engagement va forcément de pair avec le plaisir de faire.

  • Votre passage récent d’adhérente à administratrice vous a-t-il apporté un nouveau regard sur le réseau ? En quoi ?

Oui, certainement. Car quand on est à la base, sincèrement, il arrive de râler en se disant « mais pourquoi je paie une cotisation ? Qu’est ce qu’ils font au national ? ». Même si on sait que le réseau ne peut pas faire à la place de, et que la cotisation c’est aussi un acte d’engagement.

Les différentes réunions auxquelles j’assiste depuis juin, me font constater que le travail effectué est bien fait pour que les SIAE soient épaulées, soient informées. On réfléchit, on débat on acte des décisions, on met en perspective des idées, des projets… Enfin en un mot cela travaille dur pendant ces réunions.

Et cela me va bien, car je vois maintenant le réseau comme une force de lobbying, dans cette période un peu mouvementée que connait le secteur, un lobbying constructif qui est en capacité également de pointer les erreurs commises et les améliorations que l’on peut apporter dans le souci d’être au service d’un public éloigné de l’emploi. C’est un réseau vivant !

  • Quels sont vos sujets de prédilection ?

Question difficile, j’en ai plein…..

Néanmoins, je pense que ce qui me motive le plus, c’est l’idée de projet, de progrès social, de comment mettre une organisation en place afin que celle-ci soit la plus respectueuse des femmes et des hommes qui vont y participer. Comment le collectif, peut s’adapter aux individualités sans que personne n’y perde de son âme, et de sa personnalité. Comment réussir à réunir toutes les différences, et trouver non pas le plus petit dénominateur commun, mais le plus grand dénominateur commun afin que chacun y garde ses sensibilités…..

Vaste projet, très difficile à tenir au quotidien, restons humbles et lucides sur nos capacités, mais c’est mon moteur, et mon utopie à moi, car je garde espoir que les utopies d’un jour deviennent les réalités de demain.

  • C’est quoi une Entreprise Sociale Apprenante au quotidien pour vous ?

C’est au quotidien apporter un cadre rassurant de travail à des personnes qui n’en n’ont plus eu car exclues du monde économique. C’est avoir également une vision d’égalité et de complémentarité entre les personnes qui compose l’entreprise. C’est penser l’entreprise autrement, chacun y a un rôle sans que ces rôles soient hiérarchisés, il n’y a pas de petite vie, il n’y a pas de petites tâches, tout est important dans un système pour que celui-ci fonctionne. C’est redonner du sens aux relations humaines dans une entreprise. C’est remettre l’humain en tant que sujet et non objet de l’organisation, c’est remettre l’humain au cœur de nos préoccupations.
C’est également être une entreprise où les savoirs se partagent afin que chacun puisse repartir avec de nouvelles compétences ouvrant ainsi le champ des possibles pour l’avenir . C’est apprendre en faisant et en participant à l’action, être acteur de ses apprentissages.

Cela suppose d’avoir des encadrant-e-s formé-e-s à une pédagogie adaptée et différenciée selon les personnes accompagnées, d’ avoir des chargé-e-s d’insertion qui pense l’autre de manière globale et non segmenté, qui accompagne et qui ne fait pas à la place de. C’est donc penser l’organisation au quotidien et savoir bouger les lignes régulièrement, en s’adaptant aux besoins.

C’est également avoir un modèle économique fiable car seul la stabilité financière permet de réaliser nos projets. E plus, un modèle économique fiable permet d’être une entité économique sur un territoire, au même titre que d’autres entreprises et permet aux personnes qui y travaille d’être reconnues comme des acteurs économiques du territoire.

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